Musicothérapie

La musicothérapie est l’utilisation du son et de la musique  sous toutes leurs formes  comme moyens d’expression, de communication, de structuration de la personnalité et d’analyse de la relation. Elle s’inscrit dans un cadre soit clinique (psychothérapie), soit psychologique et social. Elle est pratiquée à tous les âges, en individuel ou en groupe. Il existe de nombreuses techniques qui utilisent soit l’écoute de musique (musicothérapie réceptive), soit la pratique musicale (musicothérapie active), soit une combinaison de ces deux formes.

 

On  retrouve les prémices de la musicothérapie jusque dans la Bible où il est dit que David jouait de la harpe pour calmer les angoisses du roi Saül. Plus près de nous, Claude Lévi-Strauss disait que la musique, c’est la parole masquée, la parole qui se transforme, explicitant ainsi que tout ce qui ne peut se dire a la possibilité d’être exprimé par le canal musical…

Le son, d’abord traité par les structures de l’oreille et l’intégralité du système auditif, est ensuite traité par différentes parties du cerveau impliquées par exemple dans la mémoire, les émotions, les mouvements ou d’autres modalités sensorielles. Alors que certaines sont communes à la musique et au langage, d’autres seraient spécifiques à la musique.

 

Les effets positifs de la musique :


Le cerveau : La musique aide à activer les deux hémisphères de notre cerveau  et à créer plus de connexions entre eux. L’hémisphère gauche se charge de la part plus logique, du raisonnement, des nombres, du langage, etc. D’un autre côté, l’hémisphère droit gère les fonctions plus intuitives, imaginatives et créatives. La partie droite de notre cerveau nous fera imaginer et laisser voler nos émotions et la partie gauche s’activera en analysant les œuvres et en soulignant la part la plus rationnelle, comme par exemple le sens des paroles, les figures musicales, les rythmes…
La dopamine : Des études en neuroscience montrent que la musique peut influencer la sécrétion de dopamine, (soit en l’augmentant soit en la diminuant) qui est la conséquence de la réaction de l’organisme à l’écoute de certaines musiques. La dopamine est un neurotransmetteur secrété dans le système nerveux central. Elle est chargée de transmettre l’information chimique entre les neurones. Elle est la petite molécule qui se cache derrière nos ressentiments, nos sensations, nos désirs et nos comportements.
L’endorphine  : La musique permet la libération d’endorphines qui agissent comme des antidouleurs. Et de fait, elle peut être proposée dans certains services hospitaliers en complément des médicaments antalgiques.
La sérotonine : Elle est produite dans le cerveau et l’intestin et elle est dite hormone du bonheur. Pour l’aphasie ( troubles du langage), la sérotonine se révèle aussi un instrument précieux pour réduire les troubles consécutifs à une lésion cérébrale, notamment dans les troubles du langage.
La  mémoire : J’ai observè auprès de ces jeunes pris en charge, une plus grande facilité à mémoriser et à chanter une chanson qu’à s’exprimer verbalement. Hervé Platel est l’un des premiers à avoir identifié les réseaux cérébraux impliqués dans la perception et la mémorisation de la musique, et notamment sur les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ainsi les patients arrivent-ils à se souvenir des mélodies anciennes, mais ce qui est encore plus surprenant pour les chercheurs, l’exposition à la musique permet aux patients d’activer les capacités d’apprentissage qu’on croyait perdues. 
La motricité et la coordination corporelle : Stimulent la motricité globale en danse  et fine      ( manuelle) en fonction du type d’instrument proposé. 
 Le rythme : Développement du sens du rythme. La musique est basée sur le fait que tout est rythme, à commencer pour le fœtus, par le rythme des battements cardiaques de la mère alors qu’il a le sien propre. Ensuite le fonctionnement viscéral, les battements du cœur, la respiration… tout est pulsation. Le rythme, la mélodie d’une musique influence corporellement, psychiquement et émotionnellement l’individu qui l’écoute. Suivant ce qui est recherché : stimuler, apaiser…correspondront des musiques appropriées.
Les émotions : Le pouvoir émotionnel de la musique dont sont responsables les structures cérébrales participant aux émotions, tels l’amygdale cérébrale ou le cortex orbitofrontal, est en grande partie responsable de l’effet thérapeutique ou non d’une musique. Il est prouvé qu’une audition musicale peut déterminer un changement de l’état l’affectif existant ou renforcer cet état affectif. Cependant les réponses affectives à une œuvre musicale sont le fruit de plusieurs facteurs : le tempérament de l’individu, son éducation, le contexte socio-culturel et, bien entendu, le choix de l’œuvre et son interprétation. De ce fait, le niveau d’intensité des réactions émotionnelles lors de l’écoute musicale varie avec les individus.
L’Imagination  : Eveiller des souvenirs, des histoires, des images… et ainsi encourager la parole, le langage.  
La créativité : Laisser libre court à son potentiel créatif, vivre des expériences musicales autour d’approches intuitives.   

Petite histoire de la musicothérapie

Bien que certaines sources indiquent qu’on attribuait à la musique des pouvoirs magiques ou de guérison depuis au moins l’Antiquité, ce n’est qu’au vingtième siècle, dans les années 1960, que la notion d’une profession dans ce domaine fait son apparition à l’état expérimental, notamment au Canada et aux États-Unis.
Dans les années 1940 et 1950, la musicothérapie fut utilisée sur les soldats convalescents pour tenter de soulager les traumatismes de la guerre : insomnies, dépressions post-combat, anxiété.
Par la suite, des recherches approfondies ont été réalisées dans différents instituts, en France comme à l’étranger. Tels l’institut Karajan à Salzbourg qui étudie le pouvoir physiologique de la musique, ou encore l’ARATP (Association de Recherche et d’Application des Techniques Psychomusicales) de Paris l’institut Émile Jaques-Dalcroze à Genève, créé en 1915. Plus récemment au Canada, dans les années 2005 création du BRAMS. 
En France, c’est un ingénieur du son, Jacques Jost qui fait office de pionnier dès 1954 et pose l’hypothèse qu’on peut soigner avec la musique. Il s’appuie sur une base clinique avec l’aide du Laboratoire d’Encéphalographie de la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale à la Faculté de Médecine de Paris. Il effectue des recherches sur les émotions et la musique. Il rencontre un directeur de Radio France et valide ses recherches à l’aide d’un programme d’écoutes musicales sur la radio. Pendant dix-huit ans, il a poursuivi l’étude et l’application des techniques psychomusicales en psychiatrie, en collaboration avec les docteurs Guilhot et Garnier. Il met en place un test de réceptivité musicale qui peut être utilisé avec des patients en séance de musicothérapie. Ce test est disponible au CIM. Le premier congrès mondial de musicothérapie a eu lieu en France en 1974 à l’Hôpital de la Salpêtrière.
En France, les études concernant l’action de la musique sur le corps sont donc récentes. Elles essaient de mettre en évidence que l’écoute de certaines musiques a des répercussions physiologiques et psychologiques sur l’organisme.